Vers le milieu du premier millénaire
Les Celtes (Celtes de Gaule ou Gaulois) ne craignent pas la mort. Ils croient aux puissances angéliques qui président à l’ordre cosmique. Ils ne croient pas à la réincarnation mais plutôt à la métamorphose. Ceux-ci conçoivent cette mort comme une chose simple et naturelle puisque pour eux, elle représente le commencement d’une vie meilleure. Ils sont impavides face à la mort. Le concept péché étant inconnu des Celtes, les notions de pénitences sont inexistantes dans leurs croyances. A sa mort l’homme va vers sa maison d’éternité. Pour les Celtes il n’y a pas de différence entre le profane et le sacré. Les Celtes offrent la vision d’un monde gouverné par les Dieux. Les Druides existent bien avant les celtes. La population de la Celtide appelés Gaideli ou littéralement coqs qui deviendra les gaulois. Le terme celtique dérivé du gretu = voix, signifiant orateur. Le gaulois Gutuatos est celui qui invoque. Dans la cosmogonie Celte tous les hommes descendent de la Déesse Dana dont l’attribut est le bélier.
Les peuples nordiques vinrent en Gaule afin d’aider les Celtes et les Druides à combattre l’occupation romaine qui n’osait pas s’aventurer dans les grandes forêts de chêne du pays des Monts d’Arrée.
Le mot Druide qui est spécifiquement celtique provient de « dru-wid-es » qui signifie : très savant et Dru-Wyd qui signifie sagesse du chêne ou chêne à gui. Le druidisme est une institution antique antérieure au christianisme et donc fondamentalement païenne. Christianisme et druidisme sont antinomiques ; le christianisme est Oriental alors que le Druidisme est Occidental. Le christianisme est une religion révélée qui s’appuie sur l’écriture, la bible ; l’écriture sainte alors que le druidisme s’appuie sur l’enseignement oral et ne confie pas le savoir ni la doctrine à l’écriture qui au contraire est rejeté comme signe de mort. Affirmer que les Druides se sont convertis au christianisme !!!!!!
Trois types de « professions » à caractère religieux sont connus dans le monde Celte :
– L’Archi-Druide, le Grand-Druide, le Druide ; celui qui sait, dont les domaines d’attribution sont la religion, le sacrifice, la justice, l’enseignement, la divination, la guerre, etc. ; ce sont les philosophes et théologiens à qui on rend les plus grands honneurs. Le druide a reçu l’initiation sacerdotale et il confère au roi l’initiation royale. Dans le protocole, le Druide parle avant le roi et le roi n’est pas autorisé à parler avant ses Druides. C’est le roi qui gouverne et le Druide qui conseille. Le Druide et le roi formaient un couple indissociable à la tête de la société Celtique.
Pour le Druide Dieu est représenté par 3 lignes obliques :
– ligne 1 = O = voie sacerdotale = amour (serpent d’eau de la terre ; scorpion)
– ligne 2 = I = voie chevaleresque = science (serpent de feu sagittaire)
– ligne 3 = V = prophétique = vérité (vase d’or, soleil de feu).
– Le Barde, celui qui voit, est spécialisé dans la poésie orale et chantée (louange, la satire, le blâme)
– Le Vate, celui qui agit, est un devin (sorcier)
Les Druides exerçaient un pouvoir incontesté sur les quatre éléments : identifiés sur la croix celte :
– Ouest = eau
– Est = air
– Sud = feu
– Nord = terre
Ceux-ci disparaissent au VIème siècle sous les coups de boutoir de l’intolérance chrétienne. Les lieux de cultes seront dédiés aux saints chrétiens selon leur spécificité antérieure.
La Croix Celtique
Graphisme de la croix
Esotérisme de la croix
La Croix Celtique est le plus magnifique et le plus complet symbole de la Cosmogonie Druidique. C’est le livre vivant grâce auquel, durant les siècles de clandestinité, la science et la philosophie Druidiques ont pu se transmettre intacte, et dans lequel tous ceux qui ont appris à en lire le langage, peuvent se retrouver les continuateurs des Druides antiques.
Les trois cercles
La croix est composée de trois cercles concentriques dont les diamètres ont entre eux les rapports suivants : 9, 27, 81.
– Le cercle de 81 correspond au cercle Divin, ou Keugant.
– Le cercle de 27 correspond au cercle des Migrations ou Abred.
– Le cercle de 9 correspond au cercle de la Lumière blanche ou Gwenwed.
Les huit cercles tangents autour de Gwenved
Les quatre angulaires qui dessinent le Symbole de la Croix, figurent les quatre éléments (Eau, Air, Feu, Terre), unis dans un cinquième : l’Ether.
Description des différents cercles :
– A gauche : Couleur rouge, Chiffe 5, Planète Mars ou Teutates
– Angle supérieur gauche : Couleur orange, Chiffre 9, Planète Lune
– Au sommet : Couleur jaune, Chiffe 8, Planète Mercure ou Lucellos
– Angle supérieur droit : Couleur vert, Chiffre 7, Planète Vénus
– A droite : Couleur bleu, Chiffre 4, Planète Jupiter ou Esus
– Angle inférieur droit : Couleur violet, Chiffre 1, Planète Neptune ou Don
– A la base : Couleur ultra-violet, Chiffre 3, Planète Saturne
– Angle inférieur gauche : Couleur infrarouge, Chiffre 2, Planète Uranus
– Le cercle central : Couleur la lumière blanche des huit radiations, Chiffre 6, Planète Soleil
– Le cercle central, le gwenved représente la lumière (le monde des Dieux). Le second cercle (à la jonction des Quatre branches) le premier le plus au centre est le cercle d’annoum, l’abysse, le néant (Le monde souterrain) le second le plus à l’extérieur est le cercle d’abred le cercle de l’expérience humaine (le monde terrestre) et enfin le tout derniers cercle qui entoure la croix est le Keugant, le cercle de l’Incréé de l’Univers, représentant la Source.
– La croix Celtique est un symbole majeur car il représente ainsi l’expérience humaine et son évolution. La croix en elle-même est un symbole puissant. Elle rappelle la quadri polarité et la concrétisation physique de l’Un au travers la matière, la Quintessence. C’est ainsi l’expression des forces de l’univers primaires, élémentaires.
Le clergé druidique avait en charge la célébration des cérémonies sacrées et des rites cultuels toujours face au soleil : lui seul avait le droit de pratiquer les sacrifices, parfois humains, mais plus généralement d’animaux ou symboliques. Ainsi, réalités cosmiques, geste mythique ou factuelle, imaginaires eschatologiques et tropismes collectifs de l’unité et du règne consacrent cet « extraordinaire » de l’espace qu’est le lieu sacré.
Les autres prérogatives des druides comprenaient logiquement l’enseignement, la diplomatie, l’histoire, la généalogie, la toponymie, la magie, la médecine et la divination. Le druide, grâce à son savoir (dont l’acquisition pouvait nécessiter vingt ans d’études puis dix ans de mise à l’épreuve) et grâce à sa maîtrise des pratiques magiques, était un intermédiaire entre les dieux et les hommes.
À tous égards, le Druide était le personnage prédominant de la société Celtique, à la fois ministre du culte, philosophe, gardien du Savoir et de la Sagesse, historien, juriste et aussi conseiller militaire du roi, des seigneurs et de la classe guerrière. Leur grande connaissance de l’astronomie leur aura permis de conceptualiser le temps. Il professe une philosophie basée sur l’immortalité de l’être en indiquant le chemin du salut. La coutume d’aller cueillir le gui (le rameau d’or) sur le chêne à la Saint Jean puis d’allumer un feu de joie marque le solstice d’été, la nuit la plus courte. Les druides reconnaissent 7 plantes sacrées : chêne, hêtre, pin, bouleau, orme, tremble, houx entrant dans la composition des philtres magiques.
Le Triskell ou Triskèle
De nombreuses significations ont été avancées sans qu’une seule puisse être privilégiée :
Dans la mythologie Celtique, il peut représenter les trois Dieux principaux :
– Lug, le Dieu primordial et suprême, il maîtrise tous les arts et toutes les techniques, il possède les pouvoirs de tous les autres dieux
– Dagda est le dieu-druide (et donc dieu des druides), Il règne sur le temps, l’éternité et sur les éléments, c’est aussi un guerrier puissant. Ses accouplements avec les déesses sont nombreux. La roue solaire est l’attribut du Dagda.
– Ogme, est le dieu de la magie guerrière, il a le pouvoir de paralyser ses ennemis. Il est aussi l’inventeur de l’écriture. Il est décrit comme un vieillard dont une chaîne accrochée à sa langue le relie aux hommes.
– Il évoque aussi le caractère trinitaire de la déesse unique ; fille, mère et épouse.
Dans un autre registre, il est censé représenter les trois éléments : la terre, le feu et l’eau et non, l’eau, la terre, le feu et l’air (la notion d’air étant de très loin contemporaine à ses origines). Certains bretons disent qu’il représente l’eau, l’air et le feu, la terre étant au centre.
Il peut aussi représenter la continuité du temps qui passe : passé-présent-avenir ; ou encore les trois âges de la vie (jeunesse, âge mûr, vieillesse).
Il est également dit qu’il pourrait être représentatif des « Trois Mondes » : le Monde des vivants, le Monde des Morts et le Monde des Esprits.
Une autre représentation Celtique : trois éléments primordiaux, l’air (en haut), l’eau (à gauche qui s’enroule comme une vague), la terre (à droite, comme une pousse de fougère qui se déploie). Le feu n’est possible que par la présence de deux éléments primordiaux, terre et air, et ne serait pas considérée comme un élément primordial. Cette signification ramène également aux trois états de la matière (solide, liquide, gazeux).
Il est difficile de donner au triskell une symbolique exacte, la transmission du savoir chez les Druides ne s’étant faite que de manière orale.
Le triskèle en spirale semble être un symbole solaire. Sa représentation peut être dextrogyre, en ce cas c’est un symbole positif et bénéfique ; s’il est sinistrogyre, l’interprétation est contraire. Certains considèrent que son orientation n’a pas d’importance.
D’après d’autres sources, notamment néodruidiques, et suivant lesquelles le triskèle représente une symbolique du mouvement en spirale de tout corps gravitant au sein de l’Univers, l’orientation de ses branches ne revêt absolument aucune importance puisque la rotation de tout corps, suivant qu’elle est observée par au-dessus ou par en dessous, change automatiquement de sens. Suivant la même interprétation druidique, les trois spirales représentent la fusion entre trois concepts (repris d’ailleurs plus tard par la religion chrétienne sous la forme de la sainte Trinité) : Esprit, Âme et Corps.
Cette théorie pourrait simplement être une mutation de celle qui prévaut d’après certaines sociétés druidiques et selon laquelle le monde est composé de trois « sous-mondes » indissociables, à savoir :
– Abred : le monde tangible (donc le corps, la chair ; le mortel)
– Gwenved : le monde où viennent transiter les âmes avant leur réincarnation
– Keugant : le monde divin, summum de la perfection, mais auquel les âmes (et les corps bien sûr) n’ont pas accès.
Le Druide de Coat ar Roch fut élevé au statut de demi-dieu en témoignage de ses enseignements et de l’abondance de ses fidèles. Il était chargé de mission pour contrôler le lieu des tourments et le désemplir. Une âme pour qu’elle puisse sortir du lieu des tourments doit absolument se convertir avec l’aide, le soutien et la responsabilité d’un être reconnu en fonction d’un comportement exemplaire par les Dieux Celtes. Avec toute sa bonne volonté il était sans cesse confronté à la persécution du Dieu Cernunnos, le Dieu de la nature féconde et fertilisante relié symboliquement au cosmos par ses cornes et qui constatait qu’il feignait à sa mission. Il possédait également les fonctions de maître psychopompe, le conducteur des âmes des trépassés, le guide dans la nuit de la mort.
Le grand voyage dans l’au-delà était basé sur des révélations selon lesquelles les eaux de la mer font la transition entre le monde des vivants et le monde souterrain. Le feu du lieu des tourments est un infini feu froid imaginé, créé et entretenu par Dis Pater et Cernunnos. Ces Dieux se partagent le monde souterrain. Ce feu éternel n’est pas destructeur mais un supplice permanent.
Le Druide meurt à Coat ar Roch et ainsi la légende se construisit avançant que par similitude : Le « diable » est mort de froid en ces lieux «
Le culte se pratiquait dans des aires sacrées appelées Nemeton. Ces sanctuaires situés proche d’une source en clairière au cœur de la forêt. Encadrés d’arbres qui assuraient l’union entre la terre et le cosmos, ils se singularisaient par des dolmens et tables de rites cultuels publics ou privés dédiés aux sacrifices et aux offrandes. La méthode d’investigation comme l’interprétation des signes, des présages, l’observation des astres, des entrailles d’un animal sacrifié constituait le symptôme et le préalable au diagnostic du problème posé. Les pratiques magico-religieuses sont associées aux incantations et sacrifices car on espère qu’en tuant la créature on tuera le mal.
La dépendance que l’on éprouvait à l’égard de ses puissances, la teneur qu’inspiraient les mauvais démons, la popularité des sciences occultes s’offraient immédiatement pour satisfaire le peuple. La théurgie prétendait par des moyens de cérémonies contraindre les démons et les Dieux d’entrer en contact avec les hommes. La science sacrée venue d’en haut, la magie et des pratiques parfois monstrueuses prétendait agir sur les puissances des ténèbres et mettre à leur service le pouvoir surnaturel.
Cela permettait d’apaiser les esprits, d’asservir les âmes en cavale et de protéger leur peuple. Le Druide de ces lieux avait à sa disposition une balance où il déposait les âmes sur un plateau et les infractions/fautes/délits/trahisons (péchés dans la religion chrétienne) sur l’autre. Son devoir était de faire pencher la balance du côté des âmes. Une lutte inexpiable avec les Dieux s’engageait pour la possession de l’être. Certains perdent dans leur révolte contre les Dieux et implicitement sont orientés vers le lieu des tourments et obéissent aux pratiques des démons et des damnés.
Druidisme et le druide de Coat ar Roch
Saint Edern, ce saint semi-légendaire est le pendant dans une suite logique du Dieu Celte Cernunnos et ou du Druide probablement christianisé.
Le Druide (et thaumaturge) enseignant et pratiquant à la source de Coat ar Roch, haut lieu du druidisme, et aux deux autres sources (nous cherchons leur situation, probablement distantes de plusieurs km ) déroulait un cérémonial éblouissant permettant d’effrayer les esprits diaboliques.
Les sources bretonnes sont dédiées à la Vierge ISIS symbole de la naissance de l’esprit, déesse suprême, maîtresse de tous les éléments, considérée comme l’initiatrice détenant les secrets de la vie et de la mort. Ces lieux de culte qui malgré leur dénomination des divinités qui y sont implorées restent des lieux chargés de mystères et de respect pour les hommes. Les Druides utilisent ces endroits pour leurs propriétés curatives en raison des courants telluriques et hydro telluriques souterrains ayant un pouvoir sur les cellules humaines. Elles seraient le domaine des génies et des fées.
La fontaine dans la chapelle de Coat Ar Roch
L’esprit de vie éternelle associé aux courants sidéraux de la cosmogonie druidique faisait affluer également les biens-portants et les moribonds. Les mystiques en tous genres, excités, se bousculaient ô combien annonciateurs de l’apocalypse, du jugement dernier, du déluge, d’une comète échouant sur zone ou de l’éruption volcanique d’un des points hauts de la crête des monts d’Arrée !!!
Les pèlerins avaient perpétués le culte de cette géomorphologie mythique et se trouvaient mêlés par condescendance aux curieux avides de cette hypno-pacification. Ceux-ci venaient pour y confronter leurs résultats, leurs conclusions et œuvres inspirées de toutes sortes d’initiations et d’expériences personnelles et inlassablement à la recherche de nouveautés.
La loi est dure dans l’au-delà et cette légende à la hauteur de l’interprétation et des pratiques qui en découlaient était un puits sans fond. Le prélude aux bruits galactiques censé administrer l’éternité prenait toute sa dimension en ce lieu. La doctrine globale et l’orientation qui en était faite se traduisait par : le territoire qui n’a plus de légendes est condamné à mourir de froid et l’énigme du moment incitait à la réflexion : Nous devons nous préparer si la civilisation doit muter ????
Le Dieu Cernunnos est le successeur du Dieu Cornu (Dieu zoomorphe par ses attributs) désignant la divinité à la Préhistoire. Considéré comme le responsable de la création de l’univers (Demiurge), père de tous les Celtes d’origine préceltique originaires de la civilisation des mégalithes, Dieu du monde souterrain et de ses richesses, père des gaulois, de la prospérité, des saisons, guide des âmes immortelles, intermédiaire entre le monde des vivants et celui des morts. Il organisait le lieu des tourments (enfer) situé dans l’au-delà pour accueillir les âmes perdues et en cavale qui ne se présentaient pas au monde du bien être (paradis). Ainsi il peut être considéré comme le Dieu maître des mondes non terrestres, résidant sous terre dont il garde grandes ouvertes les portes de ce monde infernal.
Saint Edern correspond à une figure christianisée de Cernunnos représenté chevauchant un cerf. Reconnu par les Celtes comme un saint semi-légendaire, un héritier de leur religion qui tenait la bête en grande vénération ; la chute de ses bois suivi de repousse passait aux yeux de nos ancêtres pour être le symbole de la mort et de la résurrection (Edern mab nuz = Dieu cerf mâle travesti en moine).
La légende d’Ahès, le récit fabuleux
Le roi Gradlon de Cornouaille a pour principale occupation de guerroyer et de s’approprier les trésors des vaincus. Ayant entendu parler d’un riche royaume dans les contrées septentrionales, il arme une flotte considérable et prend la mer. Au terme d’une longue navigation, il arrive à destination et découvre une immense forteresse au fond d’une baie. Dès le débarquement, les Bretons passent à l’attaque mais ils ne parviennent pas à vaincre. Ils assiègent la forteresse sans plus de succès. À l’approche de l’hiver, les Bretons rentrent en Armorique, à l’exception du roi. Ce dernier, resté seul, rencontre finalement Malgven, la reine de l’endroit. Elle lui déclare son amour et le fait entrer dans la ville assiégée où Gradlon tue le roi du Nord, époux de Malgven, et s’empare par la même de son trésor. Les amants s’enfuient avec le tribut de guerre, montés sur Morvac’h (cheval de la mer), la mythique monture de Malgven. Le cheval s’élance sur la mer et rejoint le bateau de Gradlon. Le voyage de retour durera un an. Des amours de Malgven et Gradlon naît une fille, Ahès, mais la mère meurt durant l’accouchement. Selon d’autres versions, Malgven fait en sorte que le visage de sa fille rappelle à jamais le sien. Elle débarque, seule, sur une île déserte. Gradlon ne peut se consoler de la mort de son amante et reporte toute son affection sur sa fille. Anéanti par la douleur de la disparition de Malgven, Gradlon est partagé entre l’amour qu’il porte à sa fille et l’influence grandissante des hommes de la nouvelle religion, en particulier, Guénolé de Landévennec. Plus Ahès avance en âge, plus elle ressemble à sa mère tant par la beauté que par son caractère intrépide. En elle survit la culture de la reine du Nord. Fidèle à la religion des Celtes, elle entre ouvertement en conflit avec les moines et demande à son père de lui bâtir une ville (Ys ou Ker-Is) pour y vivre à la manière des anciens, une ville sans église. On y célèbre les plaisirs de la nature et du corps, plaisir intolérable aux yeux de la nouvelle religion (le catholicisme). Guénolé est ulcéré par la prospérité et ce qu’il considère comme de la luxure d’Ys (la rumeur enfle : on accuse Ahès d’avoir un amant chaque nuit et de le faire tuer au matin, on accuse Ys de chasser les pauvres de la ville), Guénolé convainc Gradlon d’y bâtir une église et menace Ahès de la colère de Dieu. Ahès demande aux druidesses de l’île de Sein, les Gallisenae, de rehausser les tours de son palais et d’ériger des écluses pour protéger la ville de l’océan.
Ainsi, Gradlon, roi légendaire de Cornouaille, vivait en Is (ou Ys) avec sa fille Ahès. Une ville commerçante et prospère ou on célèbre les plaisirs de la nature et du corps. Un jour les moines Corentin et Guénolé arrivent en Is et la gaité de la ville ne leur sied pas. Ils considèrent ce lieu comme un endroit de débauche et veulent y construire deux églises pour donner une vision plus saine de la vie. Cela n’est pas possible car les lieux de culte ne peuvent être bâtis en ville par respect des croyances de chacun.
Le roi Gradlon selon les directives du pape décide alors de raser la ville. Ahès fuit dans les monts d’Arrée, emprunte un des embranchements de la voie antique Hent-Ahès (liaison Carhaix-Douarnenez dans l’antiquité) pour chercher de l’appui auprès d’un druide.
Celui-ci maître théologien au lieu de culte de la source de Coat ar Roch observe qu’au Sidh (lieu ou séjourne les Dieux) l’un d’entre eux et non des moindres pourrait lui apporter son aide pour sauver la ville ; il s’agit du Dieu Cernunnos. Celui-ci accepte et demande à Ahès de rentrer dans la ville, puis il ordonne de l’engloutir au fond de la mer pour la sauver. La submersion de la ville par l’océan provoque la perte de la princesse, mais selon la légende elle n’est pas morte et continue de hanter la baie de Douarnenez sous la forme d’une sirène. Les marins de la baie de Douarnenez l’appellent Marie Morgane (mor-gan en breton : signifie « née de la mer »).
Aussitôt dit aussitôt fait. Le roi dépité par la perte de sa fille et les deux moines par la perte de la ville décident de ne rien reconstruire a cet endroit et quittent les lieux. Les trois compères se dirigent vers le Sud, fondent Quimper en y construisant deux églises.
Ys est toujours sous les eaux et dès que la protection de Cernunnos sera ôtée, celle-ci ressurgira plus radieuse que jamais et ce jour les héros des Bretagnes reviendront du royaume des morts.
Le nom de Ahès ou Dahud, ou Dahut est un personnage majeur du légendaire breton.
La croix de Coat Ar Roch
Evangélisation de l’Armorique
An 70 à Rennes, fondation du siège épiscopal par Maximus disciple de l’apôtre Philippe.
An 250 Saint Donatien appartenant à l’aristocratie gallo-romaine de Nantes est un chrétien enthousiaste qui se fit apôtre (mort en 304).
L’Armorique fut une région prospère, bien intégrée au monde romain cependant loin des villes. Dans la campagne profonde les autochtones restaient très attachés à leur langue et aux rites druidiques. La Christianisation fut lente et difficile hors des métropoles. A Nantes la religion chrétienne est mentionnée dès le 3ème siècle.
Les 9 anciens évêchés de Bretagne, d’Armorique :
– Nantes,Clair de Nantes, fin du 3ème siècle
– Vannes, Paterne, 465
– Rennes, Melaine, 5ème siècle
– Saint-Brieuc, Brieuc, fin du 5ème siècle
– Saint Malo, Maclou ou Malo, 6ème siècle
– Dol, Samson, 6ème siècle
– Cornouaille (Quimper), Corentin, 848
– Léon, Pol Aurélien, 848
– Tréguier, Tugdual de Tréguier, 865
Drapeau gwenn-ha-du breton
Créé en 1924 par Morvan Marchal (architecte-artiste-poète-illustrateur) à partir des armes de Rennes.
Neuf bandes alternées noires et blanches avec des mouchetons d’hermines noires sur fond blanc au canton.
Ce drapeau est le pavillon de la Région Bretagne et de la province historique de Bretagne.
Il est constitué de (partages historiques) :
– 5 bandes noires (provinces de la Haute Bretagne)
– 4 bandes blanches (provinces de la basse Bretagne)
– 11 hermines à la signification en héraldique « franc –quartier d’hermine plain », c’est-à-dire sans nombre précis.
L’émigration des bretons (les Celtes) de l’île de Bretagne (Angleterre actuelle) vers l’Armorique fut la conséquence de l’invasion de leur territoire par les saxons vers l’an 450. Ils fuyaient également les Scots (Celtes d’Irlande). Ces bretons venaient du Pays de Galles et de Cornouaille. L’installation des bretons d’Armorique entraîne le changement d’appellation du pays. L’Armorique devint « Britannia », la Bretagne. La flottille conduisait les bretons par tribus entières. Elle était dirigée par un moine (chef religieux) ou un civil.
Ils se regroupèrent en trois « principautés » sur la péninsule armoricaine :
– la Domnoée (de l’Elorn au Couesnon)
– la Cornouaille (de l’Elorn à l’Ellé)
– le Bro Waroch ou Bro Erec (de l’Ellé à la Loire) La Bretagne est redevable de la foi également aux moines et ermites qui s’égaillèrent dans des retraites plus profondes, près des sources d’eau limpide qu’ils faisaient jaillir ou qu’ils bénissaient et dont les reliques précieuses sont encore vénérées dans les églises sur la foi des traditions anciennes et respectables.
C’est le cas de Saint Edern, né en Irlande ou au Pays de Galles (Llanedern, quartier de Cardiff) et qui débarqua au Juch en baie de Douarnenez, évangélisa la région d’Edern puis se retira au Bois de la Roche (VIème ou IXème siècle) pour former une autre communauté.
Vers les V-VIème siècles arrivée d’immigrés chassés du Pays de Galles et de la Cornouailles (et du reste du pays) par les Angles et les Saxons. Parmi eux beaucoup de moines qui voyageaient souvent par deux, ainsi et Gwevret/Effret (qui donneront plus tard leurs noms aux communes actuelles de Loqueffret, et Lanneuffret). Ils s’installèrent sur des lieux de cultes païens, vénérés par les populations locales, et les christianisèrent (les lieux et les gens).
Ces moines ou ermites créent des paroisses, les plou (du latin pleb) pour encadrer la population (autochtones et émigrants). Le plou avait un caractère essentiellement de colonie civile. Il donna naissance à de nombreuses bourgades bretonnes. Les termes plou, plé, plo, lan, loc des noms de lieux indiquent une origine bretonne. Lan vient du gaulois lanos qui désigne une terre consacrée, un ermitage, une colonie ecclésiastique.
La toponymie soit l’origine du nom Lannédern est par conséquent religieux.
On invoquait Saint Edern sous la dénomination de sancti Œgidii, particulièrement pour combattre les maladies des yeux. D’étymologie celtique, Edern vient soit de l’adjectif gallois « edyrn », signifiant grand, gigantesque, soit du latin « aeternus » signifiant éternel.
Entre le IVème et le VIème siècle, l’émigration de la Cornouaille et du Pays de Galles a donné à la Bretagne un peuple nouveau. De race et de langue celtique, cette population pieuse, énergique, indépendante a défriché et christianisé le pays.